« Quel manager pour la sortie de crise ? »
Cette question est au cœur de mes réflexions de consultant en management, en
cette période très particulière de confinement.
Je lis beaucoup de choses (articles, chroniques, réseaux, réseaux sociaux… etc) qui nous expliquent avec forces de mots, de métaphores, de rapports à l’Histoire …. Qu’il y aura un avant et un après ! … soit !
Quel est cet avant ? et surtout quel sera cet après ? Ne sommes-nous pas déjà dans cet après ? Les paradigmes ont changé, les relations ont changé (relations aux autres, relations au travail, relation au temps…), les paradigmes sociaux, sociétaux, professionnels …
Qui sera le manager d’après crise ? que va-t-on lui demander ?
Quelles demandes des dirigeants, des actionnaires, etc ?
Quelles demandes des collaborateurs, des salariés, etc ?
Quelles demandes de la « société » ?
« MANAGER » parlons définition.
Il me semble à la fois surprenant et révélateur de lire les définitions de management et de manager dans le Robert :
Management : Techniques d’organisation et de gestion des entreprises
Manager : 1 : impresario, 2 : dirigeant d’une entreprise
Le management ne considère pas les ressources humaines et le manager ne fait pas de management ?
Facile me direz-vous ?
Pour autant, la question se pose !
Le manager pour la sortie de crise ou plutôt le manager de l’après ?
- Qui sera-t-il ?
- Quel profil ?
- Quel modèle de management ?
- Quel Leader ?
Sera-t-il :
Un Prophète ?
Comme Moïse ou Jésus de Nazareth ?
Moïse ou « la colère stratégique »
- Personnalité : Homme éclairé, visionnaire, parfois « colérique ».
- Qualités de manager : persuasif, directif, fédérateur.
- Leadership : une grande capacité à guider (tout un peuple) et aussi à se mettre en
- colère (brise les tables de la loi) pour maintenir le « cap » stratégique.
- Réussites : il fait sortir le peuple juifs d’Egypte et reçoit les dix commandements.
Jésus de Nazareth ou « la force du message »
- Personnalité : être charismatique
- Ses qualités de manager : Communicant, emphatique, fédérateur, novateur et exemplaire.
- Ses réussites : inspirateurs des églises chrétiennes
Ou un stratège ?
A l’image de Napoléon « l’esprit des Lumières au service de l’ambition politique »
- Personnalité : être bilieux, ambitieux, cultivé, analytique
- Sa position de leadership comme stratège militaire indiscutable et fin politique, il utilise la force quand il le faut (coup d’état du 18 brumaire)
- Ses qualités en management : Stratège, il sait bien s’entourer, déterminé, cultivé.
- Proche de ses soldats, il déclare : « je ne me fâche pas qu’on me contredise : je cherche qu’on m’éclaire »
- Ses réussites : victoires militaires multiples, le code civil, le code penal, le premier regime de retraite, le corps des pompiers etc …..
Ou encore, le sens de l’action ?
A l’image de Che Guevara :
- Personnalité : Guérillero, homme politique, médecin, être courageux, tenace, rebelle
- Ses qualités en management : réactif, combatif, fidèle à ses valeurs. Il s’impose par l’exemple, la radicalité de son comportement et de ses décisions, par l’action, parfois par la cruauté.
- Ses réussites : participation actives et réussites dans plusieurs révolutions sud-américaines.
Lequel de ces profils de manager sera le plus efficient dans « l’après » ? ou
faudra t’il faire émerger un profil plus « radical » ?
Nous n’échapperons pas à la reconstruction et à l’élaboration d’un nouveau
projet autour du « sens ». Le peintre Eugène Delacroix écrivait : « on travaille pour
produire mais aussi pour donner du sens au temps ! », et manager, c’est aussi
délivrer du sens … au temps de travail !
En ces temps de confinement, de travail en « télétravail » ou de travail confronté à la maladie et aux dangers, le sens « du temps au travail » n’est-il pas fondamental ? Et qui d’autre que le manager peut donner du « sens », le « sens » !
L’explicitation du/des futurs projets par les managers est donc absolument nécessaire pour donner du « sens » et selon la double acception du mot « sens » – signification et orientation- au travail individuel et collectif.
Et lorsque tout est et /ou sera projet, attention de ne pas tomber comme « nous » l’avons déjà souvent fait (le « nous » faisant référence à un grand nombre d’organisations), comme le souligne Charles Baudelaire, dans un raisonnement qui touche à l’absurde : « et à quoi bon exécuter un projet, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ».
L’entièreté de l’engagement du manager dans cette sortie de crise sera certainement de donner du « sens » mais aussi et surtout de fédérer et de développer une forte capacité à prendre des décisions difficiles, souvent radicales et impopulaires, tout en prenant le temps de nécessaire et à l’explicitation et le temps « juste » en consultation. Le « temps » des essais est révolu, le temps de « faire » est venu !
« N’essaie pas ! Fais-le ou ne le fais pas ! il n’y a pas d’essai »
Yoda
Cet article vous a plus ? Lisez un autre article de Cyrille Gouérec.